primeurs des visages d'Ordinata

20 ans : Interview avec Stefan Merckelbach

Je travaillais alors dans une PME de services internet : ce fut l'époque pionnière où le web était la grande nouveauté pour tous. Avec Pascaline Caligiuri (qui allait devenir mon associée des 15 premières années d’Ordinata) et toute une joyeuse équipe de graphistes, webdesigners et informaticiens, nous fabriquions les premiers sites web d’un grand nombre d’entreprises et de collectivités en Suisse Romande. Souvent, en discutant avec notre client de l’architecture de son futur site et en récoltant les informations qui devaient y paraître, nous percevions des potentiels de développement de l’entreprise et des personnes, et des pistes de résolution de "problèmes", sans être alors mandatés pour les aborder.
Pascaline était archéologue de formation, et moi, philosophe ; au bout de quatre années passionnantes dans ce nouveau monde de la technologie Internet, nous avons eu envie de renouer avec nos formations de base pour proposer une approche plus culturelle, à la fois philosophique et pragmatique, aux collectivités et aux personnes. C’est de cette envie qu’Ordinata est née, le 1er mars 2001.

Le premier grand risque que nous avons pris fut… de refuser notre premier projet ! Un client nous avait proposé un mandat plus comptable que stratégique, et Pascaline et moi avons vite compris que, même si ce projet allait assurer nos premiers salaires, il dévierait Ordinata de sa vraie lancée…
Nous avons donc décliné l’offre, et nous avons ouvert une bouteille de champagne pour nous féliciter, tellement nous nous sommes trouvés courageux ! Quelques semaines plus tard, un autre client est venu nous voir pour l’aider à définir l’identité de son entreprise, ce qui est devenu « la fusée » d’Ordinata, démarche que nous avons créée pour l’occasion et que nous déployons encore régulièrement, 20 ans plus tard. Si nous avions accepté le mandat comptable, jamais nous n’aurions été prêts pour inventer la fusée, et Ordinata ne serait certainement pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui.
Le grand principe qui s’est joué à ce moment-là est sans aucun doute celui de la confiance. Confiance en soi, confiance en l’autre, confiance en la force de motivation et d’attraction de notre mission d’entreprise, qui est de « cultiver le collectif, cultiver la personne ». Confiance que, tant que l'on reste sur les rails de sa mission, on avance dans la bonne direction.

Les plus belles surprises sont les personnes que nous rencontrons. Je pense à nos clients, que j’admire beaucoup. La plupart font un job vraiment difficile, dans un environnement sujet à de fréquents changements, et ils s’en sortent admirablement bien. Cela se confirme encore en cette période de Covid, si révélatrice de nos capacités de leadership. J’apprends énormément au contact de nos clients, dans un donner et recevoir réciproques qui me font penser à eux comme à des amis.
Il en va de même des partenaires, d’un jour ou de toujours, rencontrés sur le chemin de ces 20 dernières années. Avec une mention très spéciale pour Martine Marenne en Belgique, avec qui j’ai le bonheur de développer la dynamique participative depuis 15 ans. Les bons partenariats sont comme une danse, libre et magnanime.
 
Puis il y a la surprise à répétition, depuis 2013, de l’arrivée de tant de merveilleux associés : Pamela, Chris, Hedwige, Delphine, Vincent, Céline, Katrin, Regula, David, Julie, Emilie, Amira, Claudine, Marianne, Denise, Arbesa et Elise. J’aime à dire qu'ils sont tous arrivés « comme sur un plateau d’argent », sans que j’aie à lever le petit doigt ! Ce qui nous relie, c’est la conscience d’œuvrer ensemble dans un « champ de source », appelé Ordinata, où chacune et chacun est invité à réaliser quelque chose de sa propre source dans la vie en même temps que de cultiver « son » bout du champ commun. Certains associés ont depuis lors déplacé leur chemin de source dans un autre champ, d’autres sont toujours là ou viennent d’arriver ; tous sont dans mes pensées en ce 20ème anniversaire, avec beaucoup de joie et de reconnaissance.

Oui et non. Des 15 ans à venir dont je parlais alors, seuls 5 sont écoulés, nous sommes encore en plein chemin ! L’avenir est toujours différent, souvent encore plus riche, que ce que l’on pouvait imaginer. Il est important d’ailleurs de s’en rappeler quand on définit ses ambitions à long terme : si, pour avancer, il est crucial de se projeter en imaginant le futur, lorsqu'il s’agit de mettre ce futur en œuvre, il faut beaucoup de souplesse, d’agilité, pour s’adapter aux conditions sans cesse changeantes du quotidien concret. De même que toute autre PME vivant à l’ère du coronavirus, il nous a fallu être créatifs pour nous ajuster à la situation ; en développant un accompagnement simple et efficace, naturel et adapté, original et inspiré, nous voulons être un vrai soutien pour nos clients dans leurs combats actuels et à venir.
 
Ce qui n’a pas pris une ride par rapport à la vision présentée dans Le dit d’Ordinata, c’est l’intention générale : « au centre de l’attention, les hommes et les femmes ; au cœur de toute nouvelle méthode, le langage ; comme style, un certain décalage, un faible pour les paradoxes, de la créativité et beaucoup de liberté ; au fond des yeux, une lueur de sagesse dans un regard bienveillant ; en soutien de ses services, des principes, avec en prime l’amour du vrai, le sens du beau et le goût du bien ; comme valeurs, toujours celles d’engagement, d’ouverture, de bon sens et de renouvellement. »

Dans ma vision de source globale de notre petite entreprise, le tracé de l’avenir se dessine de plus en plus distinctement : je souhaite qu'au cours des 10 ans qui viennent, Ordinata se consolide en tant qu’équipe plurilingue, pour développer des services qui stimulent l’intelligence collective et la synergie, en particulier sous la bannière de la dynamique participative ; nous chercherons à intégrer les principes source toujours plus consciemment dans les collectivités comme dans la vie personnelle des individus ; nous voulons continuer à créer, à questionner, à inspirer ; tout spécialement en ces années de crise sanitaire et sociale, nous voulons favoriser la vraie rencontre avec l’autre, au-delà des masques et des distanciations, pour prendre soin de ce qui nous relie, c’est-à-dire notre humanité.

Merci Stefan pour ce moment de confidences. Longue vie à Ordinata !

Marianne Demont et Céline Hiedl